G7 Environnement : les ministres aboutissent à un communiqué commun, hormis sur la question climatique

Les ministre de l’Environnement des sept États membres du G7 ont annoncé lundi 6 mai 2019 s’être entendu sur un communiqué conjoint, à l’issue de deux jours de réunion à Metz. Cependant, sur 53 paragraphes, 51 sont communs à toutes les parties et deux marquent les différences de position entre les États-Unis et les autres pays au sujet du climat. Une charte de la biodiversité, dite de Metz, a été également approuvée par les ministres des sept pays et de six autres, non membre du G7, invités par la présidence française.

Le G7 Environnement des 5 et 6 mai 2019 a abouti à l’adoption d’une charte de la biodiversité MTES

C’est d’un communiqué commun aux sept parties, hormis sur la question climatique, qu’a accouché la ministérielle environnement du G7 qui s’est tenue à Metz ces 5 et 6 mai 2019 (lire sur AEF info). Tandis que six États (Allemagne, Canada, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) « réaffirment [l’]irréversibilité » de l’accord de Paris, « notent avec préoccupation les conclusions » du Giec montrant « que le monde n’avance pas assez vite pour éviter des bouleversements climatiques irréversibles et catastrophiques » et disent « leur détermination à présenter d’ici à 2020 des stratégies de développement à long terme à faibles émissions de gaz à effet de serre », les États-Unis indiquent, notamment, « réit[érer] leur intention de se retirer de l’accord de Paris et réaffirment leur ferme volonté de promouvoir la croissance économique, la sécurité et l’accès énergétiques et la protection de l’environnement. »

Andrew Wheeler, administrateur de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), qui avait déclaré en plénière dimanche 5 mai qu’il ne fallait pas « voir que le scénario du pire sur le climat », s’est félicité à l’issue de la réunion ministérielle d’un « G7 fort productif et fructueux » et d’un « dialogue robuste entre l’ensemble [des] nations ». Pour mémoire, les États-Unis présideront le G7 en 2020.

De leur côté, les six autres États indiquent qu’ils « travailleront à la reconstitution réussie du Fonds vert pour le climat » mais sans chiffrer cet engagement. Les ONG présentes à Metz en parallèle de la réunion ministérielle réclamaient un doublement des contributions de chaque pays en la matière.

53 PARAGRAPHES ET 9 CHAPITRES

En tout, le communiqué compte 53 paragraphes répartis en neuf chapitres, dont celui sur le climat. L’accent est mis tout d’abord sur la question des inégalités, priorité de la présidence française. Les sept ministres « réaffirment leur attachement à l’Agenda 2030 » et se focalisent sur les « possibilités économiques inhérentes à la bonne gouvernance environnementale » ainsi que sur les inégalités en termes de pauvreté et de genre. Le communiqué note entre autres qu’en matière de gestion des déchets, « le secteur informel est un palliatif à une mauvaise gestion » dans « de nombreuses villes ».

Sur « le rôle de la science et de la recherche », alors que ce lundi 6 mai a été marqué par la sortie de l’évaluation mondiale de la biodiversité par l’IPBES (lire sur AEF info), le « rôle majeur » de ce domaine dans « l’atteinte des ODD et dans l’élaboration des futurs objectifs » est souligné. La pollution aux microplastiques et sa « nécessaire » compréhension font également l’objet d’un paragraphe.

CHARTE POUR LA BIODIVERSITÉ

Un autre chapitre concernant la « mobilisation internationale » et le « leadership en faveur de la biodiversité » relate notamment l’adoption, un peu plus tôt dans la journée de lundi, d’une « charte de Metz pour la biodiversité ». Elle a été signée par les ministres des États membres du G7 ainsi que par ceux du Chili, des Fidji, du Gabon, du Mexique, du Niger et de la Norvège, « en présence de la ministre de l’Environnement de l’Égypte », ce dernier pays ayant accueilli la dernière COP de la convention sur la diversité biologique, en 2018. Neuf pays non-membres du G7, plus l’Union européenne, étaient invités à Metz. L’Inde et l’Indonésie n’ont pas adhéré à cette charte.

Sur cinq pages, ce document liste dix points et trois engagements. Il s’agit entre autres de reconnaître « qu’il est important de traiter la biodiversité en tant qu’élément essentiel des dialogues du G7 » et le rôle en la matière « des peuples autochtones et des communautés locales, des femmes et des jeunes ». Sans donner d’objectif chiffré là non plus, les États signataires indiquent vouloir « accélérer et intensifier [leurs] efforts pour mettre fin à la perte de biodiversité, valoriser, conserver, restaurer et utiliser judicieusement la biodiversité, en maintenant ainsi les services écosystémiques, en maintenant une planète en bonne santé et en procurant des avantages essentiels pour tous ». « Nous reconnaissons la nécessité de réaliser des investissements compatibles avec la réalisation des objectifs mondiaux en matière de biodiversité et de travailler à réformer les systèmes qui sont néfastes à la biodiversité », mentionnent les signataires.

« Encourager l’engagement d’autres acteurs et parties prenantes » et « soutenir l’élaboration et la mise en œuvre d’un cadre mondial post-2020 pour la biodiversité » marquent les autres engagements. Il est par exemple envisagé par le ministère de la Transition écologique de proposer d’ouvrir cette charte à d’autres signatures lors du dialogue de Petersberg prévu du 12 au 14 mai en Allemagne.

« Il s’agit du point de départ de notre travail collectif », a déclaré la secrétaire d’État française Brune Poirson lors de la signature. « C’est comme si nous étions tous sur la ligne de départ, prêts à prendre la course jusqu’à la COP 15, qui sera d’une importance fondamentale pour adopter un nouveau cadre mondial pour la biodiversité. » Ce document doit servir de « socle pour l’élaboration d’instruments de politiques publiques ».

« SOLUTIONS CONCRÈTES »

Alors que la présidence française avait annoncé des éléments « concrets » prenant la forme de coalitions, deux chapitres du communiqué conjoint promeuvent « des solutions concrètes pour l’environnement et leurs co-bénéfices » ainsi que des « solutions concrètes pour la biodiversité et leurs co-bénéfices ». Les rôles des entreprises, des peuples autochtones mais aussi des ONG et des institutions financières internationales y sont, entre autres, remarqués.

« Nous soulignons que la croissance et le développement économiques durables dépendent également de l’efficacité énergétique et de l’accès universel à des ressources énergétiques propres, abordables, efficaces, durables et modernes », écrivent les parties. Concernant la biodiversité, le rôle des aires protégées est par exemple mentionné. Une « approche collaborative » est encouragée « pour améliorer la gestion durable des sols », reliant différentes initiatives comme le partenariat pour les sols 4 pour 1 000. La question de la surexploitation forestière est également citée.

Les coalitions envisagées se voient pour l’instant essentiellement limitées à des « initiatives » présentées en plénière par les États qui les portent, en parallèle des négociations sur le fond. Elles sont une « demi-douzaine » à avoir été citées puis soutenues par certains des États présents, qu’ils soient membres ou non du G7. Il s’agit principalement de la prise en compte des inégalités de genre dans le financement de projets environnementaux (Great), de l’Initiative internationale pour les récifs coralliens (Icri), du Partenariat pour la survie des grands singes (Grasp), d’une initiative visant à mettre fin à la déforestation grâce à des chaînes d’approvisionnement agricoles durables, d’une sur la gestion durable des déchets, d’une autre sur l’efficacité des climatiseurs et enfin d’une initiative des « leaders internationaux pour la biodiversité ». Cette dernière a été lancée par le Canada et réunit à ce jour l’Allemagne, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni côté G7, ainsi que l’Union européenne, les Fidji, le Mexique et la Norvège.

La présentation de coalitions réunissant acteurs publics et privés, cette fois avec des objectifs chiffrés, est attendue pour le sommet de Biarritz qui se déroulera fin août. Le but d’y rassembler à chaque fois des entreprises représentant « 25 % des acteurs d’un marché », pour atteindre un « point de bascule » rendant plus coûteux de ne pas rejoindre la coalition que d’y participer, a été énoncé par Brune Poirson en plénière.

PAS DE MENTION DES SUBVENTIONS « NÉFASTES »

Au chapitre « Finance durable et biodiversité », les ministres prennent « note » dans leur communiqué la publication des rapports de l’OCDE (lire sur AEF info) et du WWF et d’Axa (lire sur AEF info) et « soulign[ent] l’importance de soutenir les flux financiers les plus cohérents avec [les] objectifs environnementaux ».

Pour autant, la question des subventions néfastes à l’environnement n’a pas été « pointée », a indiqué le ministre François de Rugy en conférence de presse alors que le rapport publié ce lundi par l’OCDE estime que le montant des financements néfastes à la biodiversité est dix fois plus important que les dépenses favorables. « Tout le monde n’en a pas la même interprétation », a-t-il commenté avant d’affirmer : « Tout le monde n’en a pas la même interprétation, même en France […]. En France nous n’avons pas de subvention aux énergies fossiles mais il peut y avoir des différences de taxes sur telle ou telle utilisation de l’énergie », a-t-il commenté. Les ONG critiquent en effet les taux de taxation énergétique plus bas dont bénéficient certains secteurs (aviation, agriculture, taxis, BTP, etc.).

D’autres points sont consacrés aux « ressources et efficacité énergétique » ainsi qu’aux océans. Au sujet de ces derniers, le ministre de l’environnement nippon, Yoshiaki Harada, a rappelé à l’issue de la réunion avoir présenté une initiative sur les déchets plastiques dans les océans et « espér[er] qu’à l’occasion du G20 les efforts pourront être concentrés pour apporter des résultats concrets sur cette question ». Le Japon n’avait pas adhéré, en 2018 au Canada, à la charte du G7 sur les plastiques dans les océans (lire sur AEF info). Il a aussi précisé qu’avant la ministérielle environnement du G20, qui aura lieu dans son pays en juin, celui-ci adoptera une « stratégie de long terme » fondée sur l’accord de Paris et visant des « émissions de carbone nettes nulles ».