C’est d’abord une étude de France Stratégie, organisme rattaché au cabinet du Premier Ministre, qui critique l’usage systématique qui est fait de la formation professionnelle pour lutter contre le chômage de masse. France Stratégie rappelle en effet les efforts constants accomplis depuis des années dans ce domaine : multiples plans de formation des demandeurs d’emploi, « préparations opérationnelles à l’emploi » (POE) collectives ou individuelles, « emplois d’avenir »… Le tout pour des résultats bien décevants : en dépit de ces efforts, le chômage se maintient à un niveau très élevé (autour de 9,5 % des actifs), alors que la plupart des pays voisins sont parvenus à le réduire significativement. Et dans le même temps, un nombre élevé de postes ne trouvent pas preneur.

Aussi le rapport de France Stratégie préconise-t-il d’en finir avec le principe du « tout formation ». A la place, l’organisme propose deux pistes : « mieux prendre en compte les spécificités des métiers et des secteurs », d’une part ; et d’autre part, faire en sorte que les entreprises (et leurs DRH) s’attachent à mieux cerner leurs besoins de compétences afin « d’améliorer les processus de recrutement et l’efficacité des formations« .

Dans un tout autre registre, l’essayiste Emmanuel Todd, avec son dernier opus (« Où en sommes-nous ? Une esquisse de l’histoire humaine », édité chez Seuil), dont le Monde vient de publier des extraits en exclusivité, livre une analyse tout aussi dérangeante. Il établit en effet un lien étroit entre la montée des inégalités que l’on observe un peu partout dans le monde – et notamment en France – et l’essor de l’enseignement supérieur.
http://focuscampus.blog.lemonde.fr/2017/09/05/faut-il-remettre-en-question-les-bienfaits-de-leducation/