Le député Cédric Villani présentera, le 29 mars, lors d’un sommet au Collège de France, son rapport final sur l’intelligence artificielle (IA). Instiller une culture de l’innovation en IA et coordonner les projets de transformation de l’État qui y font appel figurent parmi les priorités identifiées.
Dans la course à l’armement de l’intelligence artificielle (IA), la puissance publique doit être au premier plan. Le rapport [cliquez ici pour lire le rapport] du député LREM de l’Essonne Cédric Villani, qui sera présenté le 29 mars lors d’un sommet au Collège de France, préconise une appropriation de l’IA par l’État dans un objectif “de modernisation et d’augmentation de l’efficacité de l’action publique, ainsi que dans un souci d’exemplarité”.
Pour rappel, Cédric Villani, chargé en septembre dernier par le Premier ministre, Édouard Philippe, d’une mission sur le sujet, devait plancher sur les “actions nécessaires pour permettre à la France et à l’Europe d’être à la pointe de l’économie fondée sur l’intelligence artificielle” et “décrire les meilleures pratiques internationales d’applications de l’IA au service de la transformation et de l’amélioration des politiques publiques”.
Coordinateur interministériel
Dans son analyse, le mathématicien soulève une difficulté : les ressorts des nouvelles technologies en général et de l’IA en particulier ne sont pas suffisamment diffusés dans la culture et la technique des services de l’État. À ce titre, toutes les administrations ne sont pas logées à la même enseigne, chacune embrassant l’IA à son rythme et à ses propres fins.
Pour surmonter l’inégalité “de la maturité des différents ministères et administrations sur l’IA”, le rapport recommande la nomination d’un “coordinateur interministériel”, sur le modèle de “l’Office for AI” britannique et placé sous l’autorité du secrétaire d’État au Numérique, actuellement Mounir Mahjoubi. Ce coordinateur aurait pour mission “d’animer au jour le jour un réseau de référents au sein des différents ministères et administrations afin d’accélérer la mise en œuvre des transformations internes”. C’est à lui que reviendrait, en somme, le rôle de VRP des technologies d’IA dans une logique d’acculturation des différents ministères.
Dans sa mission, ce coordinateur interministériel serait accompagné par la création, au sein de la direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’État (Dinsic), d’un “pôle de compétences mutualisées en IA” constitué d’une trentaine d’agents. L’objectif étant d’organiser dès à présent les compétences dans le secteur, en attendant que les ministères soient en mesure de recruter par eux-mêmes des spécialistes dans leur propre domaine.
Vers une Dinsic renforcée
Cette division d’experts pourrait provisoirement venir en aide aux différentes administrations en menant un travail de conseil, de veille et cartographie des innovations réussies, de preuves de concept et d’accompagnement du passage à l’échelle, énumère le rapport. C’est ce pôle qui se chargerait de recruter les “profils adaptés aux transformations de l’IA”.
En outre, le député de l’Essonne propose un renforcement de la Dinsic, et plus précisément de son rôle d’alerte. Pour ce faire, le rapport envisage d’abaisser les seuils de notification et d’alerte pour lesquels la Dinsic est en droit de donner son avis, voire son veto. Actuellement, l’institution ne peut opposer son veto que sur les projets numériques dont le coût dépasse les 9 millions d’euros. Son expertise est également requise concernant “les enjeux et les risques relatifs à des projets d’importance majeure”, comme l’indique le décret du 21 septembre 2015, et il lui revient de formuler “des recommandations pour la conception et la gouvernance de ces projets”. En abaissant les seuils, la mission Villani entend renforcer le “droit de regard” et le “rôle d’accompagnement” de la Dinsic vis-à-vis des différents projets informatiques de l’État.
Garantir les ressources adéquates
Afin d’encourager le développement d’applications “prometteuses” tout en se prémunissant contre d’éventuels freins administratifs, la mission souhaite la sanctuarisation des ressources allouées, notamment à travers “des budgets dédiés et pluriannuels”. L’objectif, ici, est de ne pas brider l’innovation en donnant toute leur place aux projets pilotes et expérimentaux, compte tenu de leur besoin de “souplesse” ainsi que des économies futures que ces applications pourraient permettre de réaliser, dit le rapport, de manière à ne pas “favoriser l’économie d’un euro l’année suivante contre dix voire cent fois plus sur les années suivantes”.
Emmanuel Macron doit, jeudi 29 mars, présenter les axes d’action et de financement du gouvernement pour favoriser l’essor des technologies d’IA tant pour la transformation de l’État que pour la compétitivité scientifique et économique du pays.
Mots clés : transformation numérique algorithmes cédric villani intelligence artificielle
https://www.acteurspublics.com/2018/03/28/comment-l-etat-doit-se-reorganiser-pour-relever-les-defis-de-l-intelligence-artificielle
https://fichiers.acteurspublics.com/redac/pdf/2018/2018-03-28_Rapport-Villani.pdf