Climat,Santé mieux prévenir, mieux guérir

Le Haut Conseil pour le climat, un organisme indépendant installé en novembre 2018 par Emmanuel Macron pour évaluer la politique climatique de la France et donner des avis, a publié ce mardi 21 avril un rapport spécial intitulé “Climat, Santé mieux prévenir, mieux guérir”. Il formule 18 recommandations pour tirer les leçons de la crise sanitaire Covid-19 et faire en sorte que la lutte contre le changement climatique soit au cœur du plan de relance économique.

Ce document d’une vingtaine de pages part du postulat que la crise Covid-19 et la crise climatique, toutes deux des “menaces majeures pour l’ensemble de l’humanité”, présentent de grandes similarités et sont liées. “La réponse du gouvernement à la crise sanitaire du Covid-19 doit soutenir la transition bas-carbone juste pour renforcer notre résilience aux risques sanitaires et climatiques”, résument les experts.

Premier point commun : la plupart des causes structurelles de la pandémie sont aussi à l’origine du changement climatique. Pour les auteurs du rapport, la crise du Covid-19 est en effet en partie le fruit des bouleversements écologiques, sociaux et économiques de ces dernières 40 années : la mondialisation des échanges, y compris le commerce de la faune sauvage, l’éparpillement planétaire des chaines de valeur, la délocalisation, l’intensification des mobilités, la réduction de l’intervention de l’État ou encore le recul de l’État providence. Ces mutations ont produit de nouvelles vulnérabilités dont “certaines ont favorisé le passage du virus à l’homme. D’autres ont favorisé la diffusion plus rapide de l’épidémie à l’échelle mondiale”. 

Il faut améliorer notre résilience face aux crises

Autre point de comparaison entre les crises Covid-19 et climatique : elles révèlent les vulnérabilités des sociétés, y compris des plus développées, et leur manque de préparation et de prévention. “Cette catastrophe Covid-19 rappelle de façon brutale nos faiblesses et le peu d’attention que nous portons aux signaux d’alerte”, estime Corinne Le Quéré, la présidente du Haut Conseil pour le climat.

Cette impréparation reflète l’incapacité à imaginer l’ampleur de la menace et à la prendre au sérieux.

Ces dernières semaines ont également montré à quel point certains Français, du fait de leur âge ou de leur situation sociale, étaient beaucoup plus vulnérables aux conséquences de l’épidémie, notamment au confinement. Or, note le rapport, “les inégalités sont un facteur aggravant des chocs externes, elles sont source de tensions et risquent aussi de réduire l’acceptabilité de certaines mesures”. Les treize experts du HCC appellent le gouvernement à en tirer des conséquences alors que la France se dirige vers un régime de chocs climatiques plusieurs fois par an.  

La sortie de crise et la relance doivent intégrer l’urgence climatique 

D’après une première estimation, les émissions de gaz à effet de serre de la France sont en baisse de 30 % pendant les semaines de confinement. La diminution sur l’année 2020 pourrait être comprise entre 5 et 15%. Du jamais vu. Cette baisse radicale est en grande partie liée à la quasi-paralysie du trafic routier. 

Gaz à effet de serre / Haut conseil pour le climat

Mais d’après le rapport, elle n’est ni “durable, ni souhaitable, car elle n’est pas le résultat d’un changement structurel organisé”.

Après le déconfinement, les émissions de CO2 vont repartir à la hausse. Le Haut Conseil pour leclimat plaide pour un plan de relance économique vert. Il recommande notamment de conditionner l’octroi des aides budgétaires et fiscales au secteur privé à des engagements bas-carbone : “Si l’on subventionne le secteur automobile pour redémarrer sans conditionnalité de transformer en voitures bas carbone, électriques ou autre, on va retourner exactement au point de départ”, prévient Corinne le Quéré. Même chose pour l’aérien, “il faut obtenir un plan précis de neutralité  carbone et un débdébat public sur l’avenir du secteur aérien.”  

Autre recommandation importante : il faut profiter du prix historiquement bas du pétrole pour réduire les subventions aux énergies fossiles(leur combustion est la principale source d’émissions de CO2 dans le monde) car cette mesure sera plus indolore en ce moment, explique Corine le Quéré : “C’est le moment d’enlever les exonérations fiscales, comme le remboursement de la taxe de carburant au transport routier ou les exonérations au niveau aérien, parce que justement le prix est très faible. Ça permet de faire passer des mesures nécessaires à un moment où elles ont le moins d’impact“. 

En l’absence d’un plan de relance vert, ce sera le même scénario qu’après la crise financière de 2008 : la reprise s’était accompagnée d’un rebond spectaculaire des émissions de CO2 dans le monde.

https://drive.google.com/file/d/1WqNl2C8W29vZ7iDfI2iWaqUJuiN3kMBA/view